DEVENIR VÉGÉTARIEN POUR MAIGRIR: CHOIX SANTÉ OU TROUBLE ALIMENTAIRE?

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Le végétarisme est à la mode par les temps qui courent. Que ce soit pour des raisons éthiques, environnementales ou de santé, tous s’entendent pour dire que c’est un choix sensé. De mon côté, je suis toujours prudente lorsque quelqu’un m’annonce qu’il veut devenir végétarien. C’est une déformation professionnelle, car trop souvent, j’ai vu des troubles alimentaires se cacher sous le couvert du végétarisme. Existe-t-il une façon plus socialement acceptable de se restreindre? De refuser de manger la même chose que les autres? De bouder des groupes entiers d’aliments?

Je parle aussi malheureusement d’expérience. À l’âge de 16 ans, mal dans ma peau, obsédée par mon poids, j’ai décidé de devenir végétarienne (article: Pourquoi j’écoute ma faim?). Ce qui est passé pour une lubie d’adolescence cachait un trouble alimentaire assez sévère. Bien sûr, personne n’aurait pu me faire dire que je le faisais pour perdre du poids, pour être en mesure de refuser de manger ce qui était servi sans éveiller de soupçons. Je criais haut et fort que des raisons éthiques me poussaient à faire ce choix, mais au fond de moi, je savais que ce n’était pas le cas. C’est la raison pour laquelle j’ai été interpellée par l’article paru dans La Presse du 26 avril: À l’ombre de l’orthorexie.

Dans une société obsédée par la saine alimentation, quel meilleur couvert existe-t-il pour camoufler un trouble alimentaire?

Je peux aussi vous dire que dans ma pratique, j’ai rencontré plusieurs personnes pour qui le choix de devenir végétarien cachait un mal-être plus profond. Lorsque manger est source de détresse et de culpabilité, à mon avis, ce n’est pas sain, peu importe ce que l’on ingurgite.

Attention, je ne dis pas que tous les végétariens souffrent de troubles alimentaires. Plusieurs le font pour de bonnes raisons, et il est possible d’être à la fois végétarien et d’avoir une saine relation avec la nourriture. Comment savoir si le désir de se convertir ne cache pas quelque chose de plus complexe? Il existe plusieurs outils de dépistage des troubles alimentaires. Tel que souligner dans l’article de La Presse, le Test de Bratman, peut vous aider à y voir plus clair.

Test de Bratman

1. Passez-vous plus de trois heures par jour à penser à votre régime alimentaire ?
2. Planifiez-vous vos repas plusieurs jours à l’avance ?
3. La valeur nutritionnelle de votre repas est-elle à vos yeux plus importante que le plaisir de le déguster ?
4. La qualité de votre vie s’est-elle dégradée alors que la qualité de votre nourriture s’est améliorée ?
5. Êtes-vous récemment devenu plus exigeant envers vous-même ?
6. Votre amour-propre est-il renforcé par votre volonté de manger sainement ?
7. Avez-vous renoncé à des aliments que vous aimiez au profit d’aliments « sains » ?
8. Votre régime alimentaire gêne-t-il vos sorties, vous éloignant de votre famille et de vos amis ?
9. Éprouvez-vous un sentiment de culpabilité dès que vous vous écartez de votre régime ?
10. Vous sentez-vous en paix avec vous-même et pensez-vous bien vous contrôler lorsque vous mangez sainement ?

Si vous avez répondu oui à quatre de ces questions ou plus, il est possible que vous souffriez de trouble alimentaire. Je vous suggère d’en discuter avec un professionnel de la santé qui pourra vous aider à y voir plus clair. De mon côté, je peux vous dire que si j’avais eu à répondre à ces questions à 16 ans, j’aurais répondu par l’affirmative à 7 questions sur 10. Peut-être que mon trouble alimentaire aurait été dépisté pus tôt, et que je n’aurais pas eu à vivre 8 années de plus de détresse et de mal-être avant de m’en sortir une fois pour toutes.

METTEZ FIN À LA CULPABILITÉ!